- Lélex – Tabagnoz – Les Rousses (Warmshower)
- Les Rousses – Bellefontaine – Chapelle des bois (WarmShower)
- Chapelle des bois – Labergement Sainte Marie – Pontarlier (WarmShower + auberge de jeunesse)
Départ après une nuitée à Lélex, la portion la plus difficile du Jura est derrière nous. La pente est douce jusqu’à Mijoux, puis l’on s’engage sur la petite route de Tabagnoz, bien éloignée des camions et des vacanciers aux coffres de toit remplis de paires de ski. Le vent dans le dos, nous évoluons entre les talus de neige hauts comme nos vélos dans le silence, brisé par les gloussements des mésanges huppées, petites coquines cachées dans les conifères. Elles commentent sûrement notre accoutrement ou notre chargement. C’est qu’on a fière allure sur nos montures !
La descente jusqu’à la station des Rousses nous montre les petites stations familiales du Jura. Un petit enfant joufflu s’essaie à ses premiers pas de ski de fond en contrebas de notre route. On se revoit nous-mêmes dans cet apprentissage, trop couverts, le nez qui coule, les gestes maladroits, les bâtons dans les skis, et les adultes loin devant qui nous attendent. Michel et Sylvie du réseau Warmshower nous prêtent gentiment leur appartement alors que la nuit s’annonce très pluvieuse. Effectivement, autour de 20h c’est le déluge, et on n’est pas loin d’être déjà couchés.
Marine nourrissait l’espoir de pouvoir traverser la forêt du Risoux, mais c’était ignorer qu’à 1200 mètres d’altitude, ce petit plateau forestier est une énorme plateforme de ski de fond pendant l’hiver, impossible à pratiquer en vélo avant le mois de Mai! Il nous faut donc contourner le massif pour rejoindre Chapelle des bois. Michel nous avait conseillé de contourner par la Suisse, ce qui nous aurait épargné la vision d’horreur de Morez par la nationale 5, un Samedi de vacances scolaires… Nous quittons la N5 juste avant Morbier pour rejoindre Bellefontaine à midi. Les bâtisses du Jura sont toutes revêtues de plaques d’acier ou de tavaillons de bois sur les façades exposées aux vents dominants (Sud-Ouest apriori). Celle de l’église de Bellefontaine nous séduit par son motif en écailles de zinc.
Visite de Chapelle des bois et de sa fromagerie, petit croquis aux derniers rayons du soleil, puis nous déposons nos valises chez Yves, qui nous accueille à bras ouverts. Nous faisons la connaissance avec ce cyclo-randonneur au long cours (Alaska-Patagonie en deux ans), devenu accompagnateur en moyenne montagne. Il enchaine les sorties raquettes et les activités igloos, et déborde d’enthousiasme. Sa maison est un lieu de passage qui fait qu’il n’est jamais seul dans cette contrée du Jura! Les averses de neige ont laissé une fine pellicule sur la route dans la nuit, mais pas de quoi faire déraper les vélos. Nous repartons dans la brouillard, faisant la démonstration à Yves de notre équipement « Grand-froid » : pantalon étanche, sur-chaussures, multiples épaisseurs de moufles, tour de cou en laine, gilet fluo, le bonnet, et le casque bien entendu !
Quelques kilomètres plus loin, nous recherchons l’emplacement du dernier igloo de Yves et ses stagiaires pour lui rendre une petite visite sous la neige. Jour blanc et glacial jusqu’à Labergement Sainte Marie, un dimanche où tout est déserté. Un Milan royal (ils sont assez communs dans les pâturages du Comté) nous observe pendant notre pause déjeuner, à côté de la voie ferrée. La pause en plein vent aurait été de courte durée si nous n’avions pas poussé la porte du local des cheminots, donnant sur une boite à livres improbable. Nous longeons la Rive Nord-Ouest du lac de Saint-Point (très bon fromage paraît-il), où Marine tient à faire une petite pause ornitho, car les Grandes aigrettes et les Fuligules morillons sont de sortie.
Nous sommes attendus chez Hugo à Pontarlier. Encore une de ces chouettes rencontres rendues possibles par le réseau WarmShower, réseau d’accueil chez l’habitant entre cyclistes itinérants. Nous avons prévu ensuite deux nuitées à l’auberge de Jeunesse, non seulement pour nous reposer, mais surtout pour laisser passer la grosse perturbation qui nous attend à partir de Lundi 21 Février. Libérés de nos vélos pendant deux jours, nous en profitons pour donner des nouvelles, se ressourcer et visiter un peu le centre de Pontarlier. Marine part en excursion dans les étangs de la périphérie pendant que Gab assure la comptabilité du voyage. Nous réalisons qu’un véritable repos ne s’acquiert qu’au bout de deux nuis complètes au même endroit, ce que l’on compte faire plus tard à Strasbourg.
Merci à nos hôtes de WarmShower : Michel et Sylvie, Yves et Hugo ! Sans eux nous aurions passé quelques mauvaises nuits sous la pluie ou dans la neige. Nous serions surtout passés à côtés de belles rencontres. Merci à l’équipe de l’auberge de Pontarlier, et en particulier Lysiane pour ses petites attentions et sa sympathie.