- 2022/08/08 Oppdal – Hjerkinn : 57km Soirée avec six allemands et des canards plongeurs
- 2022/08/09-10 Hjerkinn – Hundyrju gapahuk : 27km Fleur, la cycliste chic.
- 2022/08/11-12 Hundyrju gapahuk – Sjoa : 78km. Louis, le moniteur de rafting et les brebis curieuses
- 2022/08/13 Sjoa – Fåvang : 74km. Au milieu d’une cour d’un ancien atelier
- 2022/08/14 Fåvang, chez Ola : 12km. Retrouvailles avec Fanny et rencontre de Thomas et Ola
- 2022/08/15 Fåvang – Lillehammer : 55km. Plage de pins
- 2022/08/16 Lillehammer – Harpvika : 36km. Trempés par l’orage
- 2022/08/17 Harpvika – Tangen : 48km. Semoule froide
- 2022/08/18 Tangen – Jessheim : 60km. Dans un parc urbain avec un hérisson qui ronfle
- 2022/08/19 Jessheim – Sonsveien : 26km. Bain de foule et de goélands à Oslo
- 2022/08/20 Sonsveien– Sandbakken : 52km. La baignade aménagée
- 2022/08/21 Sandbakken – Svinesund : 24 km. Aire de repos des douanes
- 2022/08/22 Svinesund – Vassbotten : 46 km. Le camping des fauvettes babillardes
- 2022/08/25 Vassbotten – Munkedal : 62 km. Une oie à tête barrée
- 2022/08/26 Munkedal – Stora Hoga : 70 km Aire de baignade avec Eiders à duvet
- 2022/08/27 Stora Hoga – Göteborg : 68 km. Chez Geneviève
- 2022/08/28 Askim – Särö : 35 km. Les quartiers chics avec Geneviève
- 2022/08/29 Göteborg – Mönster : 53 km. La maison perchée de la péninsule
Lundi 8 Août. Aujourd’hui nous quittons le territoire des boeufs musqués et partons à la découverte de la vallée du Sud de Oppdal. Pliage de la tente au camping et petit déjeuner dehors, sous un beau ciel, c’est rare ! Le ravitaillement que nous faisons en ville devrait nous suffire pour les trois prochains jours. C’est la capacité maximale de nos sacoches, et cette donnée est une des contraintes les plus importantes en cyclo-randonnée. L’itinéraire du jour est simple : plein sud, le long de la E6 qui descend avec la rivière Driva.
Nous avons quelques points de repère car nous sommes déjà passés en train dans cette vallée. Comme nous n’avons toujours pas terminé d’écrire, nous projetons de nous arrêter à nouveau dans un camping plus loin sur la rivière. L’endroit est tentant, il faut passer un pont au dessus de la Driva en bouillons qui se calme ensuite dans une grande bassine d’un bleu glacial où quelques baigneurs trempent les pieds. Mais tout compte fait, nous poursuivons notre route; car pour une fois que l’on peut rouler au sec, autant en profiter. On a le vent de face mais on ne peut pas tout avoir !
Pendant une halte photo, un homme trappu, mollets affûtés et crâne un peu dégarni vient à notre rencontre. C’est un coureur cycliste, qui se lamente de n’avoir pas emmené son vélo en vacances ici. Il s’agenouille devant nos roues arrières pour inspecter la jante et le moyeu qui nous causent bien des soucis depuis le début. Il nous indique une boutique à Lillehammer réputée pour ses bons mécaniciens. Épaté par notre aventure, il finit par nous dire en se relevant : « c’est un exploit de faire autant de kilomètres avec des vélos comme les vôtres ! ».
C’est vrai que ce ne sont pas d’extraordinaires vélos de randonnée comme on en croise beaucoup sur les pistes cyclables. Ils datent tous les deux de 1996, ce sont des modèles Riverside 700 du magasin Decathlon. Celui de Marine a coûté soixante quinze euros (d’occasion), c’est pour vous dire ! On est bien loin des milliers d’euros que dépensent la plupart des cyclos-randonneurs, bien que le coût des accessoires (sacoches étanches et porte-bagages) soit bien plus élevé que le vélo lui-même.
L’homme sans vélo nous signale quelques points d’intérêt que l’on croisera sur notre route ainsi qu’une aire de repos sur la rivière où nous nous installons autour d’une belle table en bois, bien solide. De celles dont on a du mal à s’extirper ! Après avoir mangé de bons tacos à la mode cyclopithecus (sandwich roulé dans une galette de blé), nous repartons à l’assaut de cette vallée. Un peu plus loin surgit la petite gare colorée de Kongsvoll, où nous nous étions rendus la veille pour la randonnée des bœufs musqués, que de belles images en tête, déjà devenues souvenirs…
Ce soir nous dormons à Hjerkinn, au bord d’un lac à 1000 m d’altitude. On y accède par une longue piste débouchant sur un abri en rondins de bois. Plusieurs camping-cars sont déjà sur place ainsi que deux randonneuses en tente. Tous des allemands. On passe une soirée bien sympathique avec ce groupe.
Un rapide coup d’œil dans la longue-vue révèle que le lac et ses abords sont bien habités : des Fuligules morillons, des Canards siffleurs avec de petits, des Macreuses noires au loin, quelques Garrots à oeil d’or, et des Chevaliers gambettes, toujours aussi bruyants. Dans la broussaille qui mène au toilettes secs on surprend aussi un jeune Gorgebleue à miroir. Il faudrait se lever tôt demain pour espérer voir un adulte, surtout le mâle, tellement beau avec son plastron bleu.
« Vous êtes sûr que vous ne voulez pas un petit coup de blanc ? » nous demande celle qui est médecin, agitant une bouteille. Nous prenons congé de nos amis d’un soir, et retrouvons assez tôt nos chers duvets alors que le reste de la troupe fait encore tinter les verres à pied et griller des saucisses.
Ce mardi 9 août, à notre réveil, le temps est nuageux et pluvieux. Nous sommes obligés de prendre le petit-déjeuner sous la tente, et ce n’est pas la première fois. Quand il pleut, nous nous réfugions à l’intérieur, la toile devient alors notre seul espace de vie. Heureusement la pluie ne dure pas trop, et nous pouvons faire quelque observations dans ce beau paysage : Les Macreuses noires sont toujours là… Au premier plan sont regroupés quelques Fuligules milouinans et loin derrière, trois Plongeons arctiques. Gabriel photographie des Bruants des roseaux. Pas de Gorgebleue ce matin, tant pis.
Les premiers coups de pédales sont agréables, sur une portion sans voiture de route goudronnée toute craquelée. Puis nous enchaînons sur des portions gravillonnées qui nous ralentissent autant par le revêtement que par les nombreuses pauses photo que nous y faisons. Notamment un jeune Gorgebleue à miroir que nous avons repéré en vol par sa petite queue rousse. Sous ce ciel gris, la végétation paraît d’autant plus colorée, ici les ocres et le rose de la bruyère, là l’or des graminés blonds dans les timides rayons du soleil.
Le reste de l’itinéraire de poursuit sur la E6 le long de la rivière Folla car nous souhaitons nous diriger un peu plus rapidement vers la réserve naturelle de Fokstumyra. Après un pique-nique protégé du vent derrière de grosses stèles signalant son entrée, nous empruntons un sentier sur pilotis qui serpente au travers un paysage de végétation buissonnante. Le ciel est lourd mais pas encore menaçant.
Au loin Marine repère un groupe d’élans, elle a vraiment l’oeil ! Nous approchons à pas de velours sur les passerelles en bois et réussissons à faire quelques photos et de belles observations jusqu’à les voir disparaître. Un peu plus tard, en approchant vers la tour d’observation du secteur, surgit une quinzaine d’élans. Nous nous précipitons tout excités dans l’observatoire pour mieux les voir. Le troupeau s’éloigne pour rejoindre la lisière de la forêt après que nous ayons eu le temps de suivre des yeux chacun des individus. Les mâles portant des bois immenses, les femelles qui en sont dépourvues, et les adorables petits.
Ce soir nous avons les jambes et les genoux bien fatigués et sommes soulagés d’arriver dans un bel abri en rondins de bois. Un « gapahuk » comme on dit en Norvège.
Mercredi 10 août. Nous décidons de rester ici. Ce n’est pas souvent que nous croisons sur notre chemin un abri aussi agréable, alors, profitons-en, nous en avons besoin. Repos et écriture du blog sont les seules activités du jour. En fin de journée, une cycliste apparaît, toute pimpante, sortie de nulle part. Une grande blonde, très chic, bien assortie, pédalant sur son vélo électrique en tenue urbaine, imperméable et casque de ville, une image tout à fait surréaliste sur ce chemin de randonnée.
Le lendemain nous profitons de ce temps non pluvieux pour prendre notre petit déjeuner dehors et continuer à discuter avec notre nouvelle connaissance avant son départ. Maintenant qu’elle évoque sa passion pour les chevaux et s’étend sur les relations très empathiques qu’ils peuvent avoir avec les humains, elle a quelque chose de Jane Goodall avec son pardessus kaki, son port de tête droit et sa longue chevelure blonde. Elle s’appelle Fleur et pédale depuis la Hollande en direction de Trondheim sur le chemin de Saint Olaf. C’est la première fois qu’elle fait du cyclotourisme. « Vous avez l’air tellement professionnels » s’exclame-t-elle, admirative devant nos montures prêtes pour le départ.
Pour nous, la journée commence par une des plus belles descente de notre parcours. Plusieurs kilomètres plus loin une pause chocolat chaud au Circle K (chaîne de station service scandinave) de Dombås s’impose. Pour la boisson et pour le wifi aussi. Tous les supermarchés et les stations services offrent une connexion gratuite. Nous étudions la suite du parcours car Dombås est au carrefour de trois vallées. Nous empruntons celle de la rivière Gudbrandsdalslagen (à dire très vite pour faire local) sur une route qui la surplombe depuis le versant orienté vers le Sud Ouest.
La beauté des soubassements de pierres effilées des constructions de bois sombres nous ravissent ; comme à Busjord, où l’on trouve un ensemble de corps de ferme foncés surmontés d’un clocheton blanc, perchés et installés autour d’une cour. Après une pause déjeuner agrémenté de groseilles cueillies à la fontaine miraculeuse de Saint Olaf (quiconque en boit serait guéri, alors on a goûté), nous redescendons à Dovre, pour prendre brièvement la voie rapide qui devient ensuite interdite aux vélos. Nous bifurquons sur l’autre versant à la hauteur de Rudilykkja pour ne rejoindre le fond de vallée qu’à Dovreskogen après un épisode forestier avec la compagnie des mésanges boréales et des Tarins des aulnes.
Sur le parcours, nous avons maintenant pris l’habitude d’aller explorer les façades arrière des supermarchés : « faire les goélands » comme on dit entre nous. Aujourd’hui, les poubelles nous font une fabuleuse surprise : 36 barres chocolatées ! L’équivalent Norvégien de nos Kit kat. Hmm, cela va être difficile de ne pas tout dévorer tout de suite, on va essayer de les faire durer une semaine…
La recherche d’un lieu de bivouac dans les environs de Sjoa nous fait rencontrer Louis, par tous les hasards. Moniteur de rafting et de via feratta l’été, musher l’hiver, il a grandi à Sassenage, juste à côté de Grenoble. Il travaille et habite en Norvège depuis plusieurs années mais rêve de s’installer dans le Trièves. Il nous indique un endroit où planter notre tente, à quelques kilomètres. Un de nos plus beaux lieux de bivouac de l’aventure. Une petite clairière calme, à l’herbe rase et bordé de pins, qui s’ouvre sur l’eau claire de la rivière au nom à rallonge. La douche fut froide, mais tellement agréable avec la cagette en plastique trouée des prunes récupérées !
Une brebis perdue bêle à côté de la tente alors qu’il ne fait pas encore jour. Le lendemain c’est toute une petite famille qui vient nous sentir et s’approcher de la tente. « Est-ce que c’est toi qui avait perdu ta maman ? » demande Gabriel à un des agneaux qui s’approche tout près. De petits rougegorges réclament la becquées à longueur de journée pendant que nous continuons d’écrire.
Un curieux morceau de bois sombre s’avance à contre-courant jusqu’à la plage de graviers de l’île en face de nous. Puis le bout de bois de métamorphose en animal à pattes qui court sur les cailloux ! Une loutre ! On a à peine le temps de le dire et de la prendre en photo que cette furtive est déjà derrière la végétation.
Samedi 13 août. On quitte ce merveilleux endroit car il faut quand même avancer. On s’émerveille devant les vieilles granges aux toits couverts de lauzes gagnées par la mousse. À en croire la carrière de ces fines plaques de pierre dans les environs de Vinstra, c’est une ressource abondante dans la région, et qui devait autrefois couvrir toutes les constructions.
Une fois de plus, nous nous arrêterons dans une station service. C’est devenu un peu notre nouvelle habitude. Au début c’était juste pour l’essence du réchaud. Et maintenant que l’on a découvert que l’on pouvait s’y offrir des chocolats chauds abordables, être abrité de la pluie installés devant une table sur de confortables banquettes, et en plus avec de bonnes connexion wifi et des prises électriques : ces endroits sont devenus de véritables repères. Quand on en croise une, la question d’un arrêt se pose systématiquement.
Néanmoins, cela ne nous empêche pas d’avancer d’une bonne distance. La route est belle, elle suit la rivière. La végétation change, les forêts sont de plus en plus plantées de pins, avec, à leurs pieds, des parterres de buissons secs. La terre est devenue poussiéreuse, les verts vifs des régions humides ne sont plus là. Des parties semblent même avoir été incendiées. L’endroit est connu pour être sec.
En fin d’après-midi, c’est la course au bivouac. Les deux que nous avions pris repères à l’avance sont complètement infestés de moustiques. C’est impensable d’y planter notre tente, tant ils sont nombreux et agressifs. Nous prenons notre courage à deux mains et nous attaquons une montée de 300m de dénivelé pensant y trouver un bivouac de secours. Un très beau bâtiment en bois nous y attend. C’est la vieille église de Ringebu, au bardage de bois si patiné qu’il prend l’allure de tranches de pain d’épices. Un magnifique terrain de camping est installé derrière. Il appartient à la paroisse, ouf ! Nous sommes sortis d’affaire !
Malheureusement non, nous n’aurons pas l’autorisation de l’utiliser. L’heure tourne, on décide alors de continuer le tracé de notre route qui part là-haut, dans les bois. Trois cents mètres de dénivelé en plus. C’est une piste difficile, et ses abords sont complètement inhospitaliers et raides.
Nous décidons de faire demi-tour et redescendons tout, vers le seul camping du coin. Seulement il bien trop cher, et en plus il faut payer les douches en supplément, cela achève rapidement la délibération, c’est non ! Le jour baisse, tant pis, on reprend la route. L’E6 est peu empruntée par les véhicules à cette heure-ci. Six kilomètres plus loin, il y a un parc dans un petit bourg, cela devrait faire l’affaire.
C’est vraiment pas de chance. À notre arrivée l’endroit est occupé par une scène. Avec un concert de rock toutes baffles à fond. On entend distinctement les paroles encore plusieurs kilomètres plus loin, là où nous trouvons finalement un coin pour la nuit. Un peu par défaut, nous établissons le camp dans la cour d’un ancien atelier désaffecté, infesté de moustiques. Il est environ 22h00.
Gabriel consulte ses mails. Heureuse coïncidence, nous sommes à côté de Fanny, Thomas et Ola.
Dimanche 14 Août. Le rendez-vous est à 11h. Nous devons faire demi-tour pour repasser la ville traversée hier soir afin de rejoindre un petit lieu-dit. Une des sœurs de Gabriel, Fanny, et Thomas son compagnon, passent quelques jours chez leur ami Norvégien Ola. Nous remontons les flancs de l’autre côteau de la rivière pour arriver dans une jolie maison en bois, peinte en rouge. Ola la retape depuis plusieurs années avec goût.
Un alignement de planètes a su provoquer cette rencontre pour nous, car rien n’était planifié. On savait que Fanny et Thomas étaient de passage en Norvège au mois d’Août dans la région de Lillehammer, pas plus… Ce n’est qu’une fois à l’intérieur de la tente du bivouac à moustiques que l’on a lu nos mails et réalisé que nous étions à trois kilomètres à vol d’oiseau.
Nous partons nous baigner tous ensemble sous un soleil qui nous fait chercher l’ombre. On se sent en vacances et insouciants dans l’eau claire de la rivière devenue lac. La soirée est prolongée jusque tard le soir. Ola nous régale avec son pain maison à la croûte épaisse et bien cuite, en accompagnement du reste, et on termine à l’aquavit, l’eau de vie norvégienne.
Il fait complètement sombre, il est un peu tard pour planter la tente. Ola nous propose deux petits lits à l’intérieur. Il ne pouvait pas nous faire plus plaisir… Ce sera la troisième fois en quatre mois d’épopée scandinave que nous dormons sur un vrai lit !
16 août, direction Lillehammer par la grosse route avec le vent dans le dos, ça fonce ! Nous faisons la rencontre de Jean-Luc qui descend du Cap Nord et compte aller jusqu’à Gibraltar d’ici fin Octobre (oui, il va bien plus vite que nous). Son vélo a été fait sur mesure à Romans sur Isère : il peut se transformer en tandem, entièrement démontable. « C’est pratique quand ma femme ne veut plus me suivre ! ».
Arrivés à la ville olympique, nous récupérons un colis qu’on attendait depuis longtemps : notre nouvel ordinateur ! Nous l’avons fait livrer dans un relai postal comme il y en a beaucoup dans le pays. Prochain problème à résoudre : la roue arrière de Marine qui montre les mêmes symptômes d’usure du moyeu que celle de Gabriel. Les deux magasins de sport principaux du centre sont en rupture de stock, il ne reste plus qu’à se rabattre sur le petit atelier du bout de la rue piétonne.
Nous arrivons au moment de la fermeture, le gérant enfile son sac à dos après avoir tourné la clé. « Puis-je vous aider ? » nous adresse-t-il. Marine expose le sujet et ressort quelques instants plus tard avec une roue toute neuve. Anders a gentiment pris le temps de monter la cassette de pignons et le pneu sur la nouvelle jante tout en discutant avec nous. Nous repartons plein de gratitude pour celui qui nous a rouvert la porte de Sykkologen, son bel atelier.
Bivouac et baignade sous une pinède en bord de lac à la sortie de la ville. Le matin suivant, le paysage est effacé par la brume et la pluie. Nous attendons qu’elle passe mais ça ne faiblit pas. On roule sous la pluie jusqu’à la prochaine station service où l’on se réchauffe un peu et étendons à l’extérieur la toile de tente pendant une éclaircie.
Le soir même, un orage éclate plus tôt que prévu. Nous nous contentons d’un parking en gravier en contrebas de la route à Harpvika, avec un magnifique panorama sur l’autoroute. Gabriel sort la tente trop tôt alors que Marine décharge son vélo. Résultat : elle est complètement inondée… Marine voit son visage blêmir et se décomposer. Pour Gabriel c’était une limite à ne pas franchir. Voilà, c’est fait maintenant, mais ce n’est pas si grave : cinq minutes plus tard l’averse se calme et nous épongeons tant bien que mal des litres d’eau. Étonnamment cela fonctionne plutôt bien et nous finissons par installer nos affaires dans une maison à peine humide. Dans la soirée nos abords se remplissent d’un coup de voitures et de chiens. C’est un cours de dressage, dont on ne comprend pas un mot. Fascinant ces toutous, ils comprennent le norvégien mieux que nous. Nous programmons le réveil en fonction des prévisions météo pour éviter les averses au moment du pliage de tente.
Une journée à pédaler pour dépasser Hamar et rejoindre en fin d’après-midi une belle pelouse au soleil, parfaite pour planter la tente. L’orage arrive après notre installation, mais nous avons eu le temps de nous baigner. Tard dans la soirée nous entendons le cliquetis de deux vélos pressés sous la pluie battante. Ils s’installent à quelques mètres et nous ne découvrons leur visage que le lendemain.
C’est un couple de suédois qui voyagent à vélo avec leur matériel d’escalade pour aller explorer les spots norvégiens. Nous saluons cette belle démarche qui change de l’approche classique de la sortie en montagne (la rando-bagnole). Ils se rendent eux aussi à Oslo, mais par le train, au départ de la gare de Dal, à une quarantaine de kilomètres d’ici. « Cela nous permet de zapper les zones urbaines moins sympathiques » nous disent-ils. C’est vrai que ce n’est pas bête, ça. N’ayant pas trouvé de solution d’hébergement abordable à Oslo, nos amis suédois viennent de nous souffler là une partie de la solution.
La prochaine étape devrait être facile, le long de la voie ferrée. Mais les multiples déviations dues aux travaux routiers et ferroviaires nous obligent à prendre des chemins raides et boueux et de longues pistes en graviers sous le ciel gris.
Nous faisons une longue pause en station service pour prendre le temps de configurer notre nouvel ordinateur. Tout les menus sont en Norvégien. La première chose à faire est de changer la langue puis de télécharger les logiciels dont on aura besoin. Cela nous immobilise pour quelques heures puis nous gagnons la ville de Jessheim, d’où nous prendrons le train le lendemain.
Notre bivouac se situe dans un grand parc urbain à l’entrée de la ville, au bord d’un lac. Quelques joggeurs et promeneurs de chiens nous adressent des sourires ou des regards étonnés. Trois adolescents installent leurs affaires à côté de nous pour aller se baigner. L’orage éclate, ils sont dehors à rire et enchaîner les plongeons. Ils repartent trempés en caleçon sur leurs vélos, la serviette sur la tête. La nuit, un hérisson s’aventure près de la tente avec de petits ronflements qui se joignent aux nôtres.
En cinq stations de train interurbain et quarante minutes de trajet, nous sommes en plein centre d’Oslo. En language cyclo, on dit que l’on « trainche » (tricher en train).
Nous avons une seule mission aujourd’hui : récupérer un nouveau matelas pour Gabriel, en remplacement du sien dont une cloque de près d’un tiers de la surface commençait à incommoder son dormeur. Le fabricant Thermarest assure une garantie dans ces cas-là, et remplace à l’identique ou avec un modèle de meilleure qualité.
Une fois cette tâche accomplie, nous prenons un bon bain de foule et de soleil dans la capitale. Nous redécouvrons avec une curieuse sensation la ville qui a un peu changé depuis notre précédent voyage en 2018 (en cyclo entre Oslo et Bergen). Les nouveaux quartiers et le musée Munch, à l’époque en travaux, sont terminés. La ville ressemble à un immense collage coloré, fourmillant de touristes et de gens qui ont des trucs à faire.
Est-ce que notre migration de six mois nous a à ce point désensibilisés à la ville pour qu’on s’y sente de trop ? Vite, rejoignons un bivouac au bord de l’eau, sous les arbres et dans la bruyère en fleurs. Nous sommes descendus à la gare de Sonsveien, à quarante minutes au Sud et avons poursuivi encore sept kilomètres en vélo. Ce soir Marine a mal à la tête, la lumière crue d’Oslo a été fatale, mais nous nous trouvons dans un endroit merveilleux.
20 Août, nous nous réveillons avec le soleil. Nous prenons notre temps sur d’énormes roches aux formes douces, devant ce bras de mer. Une petite île abrite des oies et des canards, difficiles à identifier à cette distance. Selon la carte, c’est une zone classée réserve naturelle ; ce qui n’a pas empêché certains de faire des aller-retours en ski nautique juste à côté… Un lac situé un peu plus haut devient le temps d’un instant, la plus belle salle de bain du monde.
Tout propres, nous pédalons jusqu’au soir sur une petite route bordée de champs en pleine moisson, pour rejoindre un autre lac près de Greåcker. La baignade qui y est aménagée est parfaite pour planter notre tente. Une journée sans encombre.
Demain, comme par hasard, il va pleuvoir. Lever tôt, pliage de tente et petit déjeuner expédiés, nous partons sans trainer. En fin de matinée nous dépassons la réserve de Skjebergkilen où le fjord meurt sur les pâturages des vaches. Dans l’eau saumâtre peu profonde, des centaines d’oies barbotent en compagnie de Cygnes tuberculés et d’Hirondelles rustiques qui virevoltent au-dessus de l’eau.
À bien y regarder, il y aurait plus de six cents Bernaches nonnettes, cinq cents Oies cendrées et une centaine de Bernaches du Canada. Les Mouettes rieuses ont perdu leur capuchon noir. De leurs plumes d’été il ne restent que quelques traces qui leur font comme des écouteurs. Une douzaine de Combattants variés plongent le bec dans l’eau en rythme à la recherche de petits invertébrés. Ces petits échassiers ont maintenant un plumage bien plus sobre que pendant la saison des amours et des combats. Si ça se trouve, ils étaient au Varanger en même temps que nous. Une chose est sûre, c’est qu’ils rejoindront l’Afrique subsaharienne bientôt.
On range les jumelles et la longue-vue, pas de temps à perdre avec la météo norvégienne. On roule vite, car au loin le ciel s’assombrit. Plus que quatre kilomètres et nous pourrons échouer dans une station service à Isebakke! Quelques gouttes se font sentir… Quelques minutes plus tard l’horizon est tout à coup blanchi par un grain, et c’est la grosse rincée. On arrive à notre refuge tout mouillés. Tout s’est joué à dix minutes (le temps de compter les oies peut-être ?). On commande une énorme pizza. C’est en fin d’après-midi que le ciel tombe pour de vrai. Nous en avons profité pour travailler sur notre site et les réseaux sociaux, bien installés sur les banquettes en similicuir rouge rebondi façon motel nord-américain.
En fin de journée nous montons notre tente dans un endroit surprenant, au pied de la route qui mène aux douanes. Devant nous, la façade arrière d’un bâtiment de toilettes nous cache d’un grand parking. Les poubelles et les tables de picnic sont à portée de main. Nous passerons pourtant une très bonne nuit sur cette aire de repos.
Lundi 22 août. Marine a repéré un camping. Il faut rebrousser chemin et faire un peu plus de dénivelé que prévu car il faut franchir la forteresse de Halden. Mais la petite route 220 qui en part est ravissante, et on en a sous la pédale quand on sait qu’on va se reposer ! Nous dévorons les kilomètres pour rejoindre Vassbotten.
Le lieu est charmant, pas trop cher et calme, car c’est le premier jour de la basse saison. Tout ce que nous espérions trouver en Norvège sans jamais l’avoir eu, il aura fallu attendre de revenir en Suède pour pouvoir poser nos sacoches dans de si bonnes conditions. La première chose que l’on fait est de tout laver, car ça commençait à sentir le mammifère dans notre tanière. Après vient l’entretien de nos vélos, parce qu’il ont aussi été un peu délaissés. Puis c’est la farniente totale, enfin.
Le lendemain nous passons une bonne partie de la journée à profiter du calme et observer les oiseaux sans bouger de notre petit périmètre. Le camping est devenu pendant ces quelques jours notre nouveau microcosme. Rien n’existe au-delà du ponton de bois où viennent les Plongeons arctiques le matin, et où atterrissent en fracas les Bernaches du Canada. Nous nous délassons sur la petite plage, si immobiles que l’on effraie nullement la couleuvre à collier qui s’approche tout près de nos orteils. Bien qu’ inoffensive, cela dissuade Gabriel de se baigner. « Elle nage trop vite, ça fait peur ! ».
Pendant un moment d’écriture et de sélection de photos, nous sommes interrompus par la visite d’une fauvette d’ordinaire très discrète que Marine avait repérée hier à son cri. Un « tek » très ferme venant des buissons épineux. Maintenant, elle nous montre sa tête grise et sa gorge blanche. C’est bien la jolie Fauvette babillarde qui sort de ses cachettes pour aller cueillir les fruits noirs dans la bourdaine. Elle est pourtant principalement insectivore, mais l’appel de la migration lui fait engloutir des quantités de fruits sucrés dont elle se gave pour transformer tout ce fructose en réserves de graisse, son carburant pour le voyage jusqu’en Afrique.
Nous ne pouvons pas rester bien plus longtemps car nous avons annoncé notre venue à Geneviève pour le weekend, à Göteborg. Nous ne sommes plus qu’à deux bivouacs de la ville où nous avions débarqué un 14 Avril 2022 depuis le ferry du Danemark.
Le premier bivouac se situe dans les environs de Munkedal, après avoir sillonné la campagne et observé un grand nombre de Pigeons ramiers et de Buses variables au-dessus des champs et des forêts de feuillus. On accède à l’endroit repéré en longeant la baie de Gullmarns qui se trouve être une réserve. Parmi les Bernaches du Canada se trouve une intruse que nous n’avions encore jamais observée. Une vérification avec la longue-vue s’impose pour éclaircir le mystère : c’est une Oie à tête barrée ! Elle porte bien son nom avec ses rayures jusqu’au cou.
Au bout du port de plaisance, le chemin devient exclusivement piéton et se prolonge au pied des falaises de granit lisse et bosselé, comme une matière pétrie dans une matière rose figée. Le sentier côtier rejoint ensuite un bras de rivière et c’est à l’intersection de l’eau du fjord et de l’eau douce que nous trouvons très beaux bivouacs. L’escalier en bois qui monte au sommet de cette forteresse naturelle termine en belvédère sur la confluence. On contemple à contre-jour en plissant les yeux un dortoir d’oies et de Harles bièvres en plein toilettage. Un Martin pêcheur passe à fond au ras de l’eau -côté rivière, et des Chevaliers guignettes poussent leur petit cri du côté de l’eau salée.
Après Munkedal, nous visons à présent le village de Henån, pour passer dans les îles du Comté de Bohuslän plutôt qu’à l’intérieur des terres le long de l’autoroute. Nous approchons peu à peu de la même latitude que Skagen, la pointe Nord du Danemark où nous avions visité la station ornithologique et arpenté les dunes de sable blanc à la recherche des migrateurs se rendant en Suède. Aujourd’hui, c’est le chemin inverse qu’ils sont en train de faire…
Marine est donc d’autant plus attentive aux oiseaux dans cette portion, mais les observations ne sont pas pour autant extraordinaires. Quelques oies bien sûr, un Pygargue à queue blanche avant le pont de Skåpesund, et plusieurs Chevaliers aboyeurs dans la réserve de Havstensfjordens.
Nous atteignons Stenungsund par l’immense pont en béton qui relie la dernière île de l’archipel à la ville. Il est un peu tôt pour planter la tente sur le grand gazon de l’aire de baignade de Stora Hoga alors nous retardons ce moment à lézarder au soleil en regardant passer les promeneurs de chiens, les baigneurs et les couples de retraités hâlés en chaise longue devant leur camping car.
Samedi 27 Août, nous devrions être à Göteborg en début d’après-midi. Le temps est incertain, on ne sait pas trop dans quelle tenue partir de Stora Hoga. Nous traversons des paysages de petits lacs et de forêts de chênes avec peu de dénivelé dans la campagne. Les cyclistes que nous croisons et qui nous saluent d’un « Hej! » sont sûrement des habitants de Göteborg qui ont sorti le maillot pour une petite balade d’une centaine de bornes aller-retour. Une Pie bavarde posée sur un agneau nous inspire un couplet que l’on chante en pédalant sur un air de « petit escargot » (comptine de petite section de maternelle).
Un petit agneau Portait sur son dos Une jolie pie ! Quand il a des poux Ou veut des bisous Elle vient sur lui !
Nous marquons une pause à Bohus pendant une averse pour faire de petites courses. Marine attend Gabriel sous un auvent pas très loin d’un stand tenu par des personnes qui ne tardent pas à s’approcher des vélos pour lui proposer des gâteaux qu’elle refuse poliment. Les membres de cette « free church » sont venus lui poser une étrange question avant de déballer leur discours : « Êtes vous scientifique ? ». Deux petites filles qui passaient là engloutissent des moelleux au chocolat en rigolant. Puis un des hommes du groupe un peu en retrait s’est avancé pour s’entretenir avec elles, l’air grave. Elles ont fait oui-oui de la tête, soudain sérieuses, puis ont filé en gloussant. Quand Gabriel revient c’est la délivrance. « Un peu plus et je me faisais endoctriner à coups de cookies ! ».
L’arrivée à Göteborg devient tout à coup familière. Nous reconnaissons le stock de remorques de location que l’on avait repéré à l’aller (« Chaque suédois loue sa petite remorque pour aller à la déchetterie. Pas question de mettre du bazar dans le coffre », nous avait dit Geneviève avec un air de je-fais-tout-comme-il-faut), le minigolf poussiéreux sorti de nulle part devant ce restaurant probablement liquidé, le trottoir où un passant nous avait encouragé d’un pouce en l’air en quittant la ville sous la pluie. On ne choisit pas ce dont on se souvient !
Les panneaux de signalisation des voies cyclables indiquent maintenant le centre que l’on suit sans se poser de questions. Cela nous évite la zone portuaire par laquelle nous étions passés en slalomant difficilement à travers des itinéraires de déviation dus aux nombreux travaux.
Lors d’un arrêt gonflage de pneu à la station service, un homme en chemise à carreaux et bretelles-bermuda nous adresse la parole dans un français impeccable. Tout en roulant une cigarette qu’il glisse entre ses lèvres pincées, il nous apprend qu’il s’est rendu à l’anniversaire de l’enterrement de son oncle, en vélo depuis l’Allemagne. Il remonte ses lunettes à monture épaisse sur son nez. « C’était pour moi une forme d’hommage, car il était cardiologue et le vélo faisait partie de ses passions et des thérapies qu’il explorait avec ses patients. » Il prend son ferry en fin d’après-midi pour le trajet retour. Original, non ? On échange brièvement sur l’hypocrisie des gouvernements sur les questions d’écologie, sur la pollution des touristes qui voyagent en voiture ou en avion pour venir jusqu’ici mais qui se consolent en consommant bio-solidaire-équitable-zéro-déchet-coton-tige-en-carton.
Direction le grand parc du centre ville pour atterrir en douceur (on a développé une hypersensibilité à l’agitation urbaine et le manque de végétation). Nous passons plus de deux heures sous un immense érable sycomore à nous acclimater et regarder nos semblables mener leur vie à Göteborg city. Un couple se marie en petit comité dans la roseraie, sur une petite mélodie au violon, les parents discutent derrière des poussettes, les enfants grimpent aux arbres, les couples s’enlacent sur les bancs publics… En quelques instants tout ce beau monde sort les parapluies, mais nous ne sentons pas une goutte sous notre bel arbre. Nous remontons sur les vélos pour rejoindre Askim, le quartier de Geneviève. Pas besoin de gps, on connaît par cœur.
« Ding ding ding ! » Nous faisons tinter les sonnettes en arrivant au pied de la grande maison de l’angle de la rue. Geneviève passe la tête par la fenêtre de la terrasse de l’étage « ça ne pouvait être que vous, j’ai entendu un Ohlala ». Embrassades de retrouvailles et discussions sans fin jusqu’à deux heures du matin. Cette fois-ci nous avons pu rencontrer sa fille Sophie, de passage chez sa mère, une belle rencontre !
Une bonne grasse matinée et un repas copieux plus tard Geneviève nous emmène pour un tour à vélo du côté de Särö, le village chic du Sud. « Ici, c’est la crème de la crème », nous dit-elle. Le passé de villégiature de l’aristocratie du petit bourg est toujours d’actualité avec ses courts de tennis, son golf (où a joué le roi), ses belles maisons d’époque et d’autres plus contemporaines mais tout aussi luxueuses, et ces enfants bien habillés en polo-short bleu marine et blanc. À quoi ressemble le quotidien de ces gens aisés ? Quelles sont leurs préoccupations ? Leur avenir sera-t-il aussi confortable qu’aujourd’hui ?
La balade aura mine de rien représenté trente quatre kilomètres, dont le retour avec un bon vent de face, où Geneviève était toujours devant. Sacré coup de pédale ! Il faut préciser qu’elle passe une partie de l’été sur son Bianchi de course dans le Sud de la France à enchaîner les kilomètres sous le soleil brûlant qui lui manque tant ici.
29 Août, Geneviève part à l’école donner des cours de langues, Sophie étudie en ligne à la maison, et nous partons à notre tour, en souhaitant de se revoir bientôt. La boucle est bouclée à Göteborg mais nous n’en avons pas fini pour autant avec la Suède. Nous quittons la ville par les beaux quartiers, cette fois sous un grand soleil et suivons la côte cap au Sud. L’itinéraire Kattegatleden (la voie de la côte de Kattegat, la mer séparant la Suède du Danemark) que nous suivons est très bien fléché, et bien protégé de la circulation.
Notre première halte se situe à l’église de Vallda où l’on s’autorise une sieste en marge du parking à l’ombre des châtaigniers. Nous avons encore un peu de route jusqu’à la pointe de Mönster où nous ne savons pas encore s’il sera possible de dormir, ni si le chemin est praticable. Cela nous arrive de devoir rebrousser chemin pour chercher un autre bivouac devant les panneaux d’interdiction de camper ou les sentiers trop étroits. Mais cette fois-ci, ce n’est pas le cas : le panneau de la réserve naturelle ne mentionne que l’interdiction de faire du feu. Une longue piste de graviers nous emmène droit jusqu’au bout de la péninsule.
Sur un dôme de rochers lisses, s’accroche une maisonnette bicolore rouge et blanc, telle un palanquin attelé sur le dos d’un énorme monstre de granit. Le soleil se couche faisant vibrer toutes les couleurs de la mer et de la terre. L’humidité arrive et l’on fait zipper sans tarder les fermetures éclair de la tente.
Un grand merci à Geneviève et Sophie pour nous avoir accueillis à Göteborg, et à Christine qui a rendu cette rencontre possible !