23 – Jelenia góra > Bratislava (km 9330 – km 9930)

  • 2022/10/10 Jelenia Gora – Mladé buky, 50 km : Le col des géants
  • 2022/10/11 Mladé buky – Kleny, 42 km : La tombe de Moris
  • 2022/10/12 Kleny – Velka Jenesice, 31 km : Le réservoir de Rozkos
  • 2022/10/13 Velka Jenesice : La statek de Simon et Lucie et la prairie de Josefov
  • 2022/10/14 Velka Jenesice – Luze, 68 km : Le hêtre vénérable
  • 2022/10/15 Luze – Křivý javor, 38 km : Le village des écureuils
  • 2022/10/16 Křivý javor – Vlkov, 51 km : Bivouac en lisière
  • 2022/10/17 Vlkov – Hlína, 36 km : L’observatoire aux Rougequeues
  • 2022/10/18 Hlína – Lednice, 59 km : Bivouac de la Pie-grièche grise
  • 2022/10/19 Lednice – Malé levare, 56 km : Le camping fantôme
  • 2022/10/20 Malé levare – Devín, 63 km : Une nuit sur le Danube

10 Octobre. Nous passons le col de Horní Malá Úpa en milieu d’après-midi sans avoir la moindre idée de l’endroit où nous dormirons. L’ascension est régulière mais néanmoins éprouvante. On cumule aujourd’hui tout le dénivelé que l’on n’a pas fait en Pologne ! Comme si tout le territoire arpenté jusque-là avait été lissé, repoussant les plis de la croûte terrestre sur les biens nommés « Monts des Géants ». Nous apercevons La Sniejka, le plus haut sommet de la chaîne, la tête dans les nuages. Nous sommes accueillis de l’autre côté par de beaux paysages montagnards aux couleurs d’automne. Les granges et les chalets installés dans la pente nous semblent familiers. Nous descendons à toute vitesse le long du torrent Mala Upa, qui s’assagit au niveau de Horni Marsov où il est canalisé. Un Cincle plongeur file au ras de l’eau, presque à notre vitesse.

Il faut que nous trouvions un bivouac avant la zone urbanisée de Trutnov. On tente quelque chose en s’éloignant de la route principale, en dépassant un terrain de golf. Une route forestière dessert un champ fauché en légère pente, bordé à l’Ouest par un boisement de hêtres et d’épicéas abritant de grands rochers. On pensait être au calme, jusqu’à minuit où nous avons été réveillés par un kéké des routes (kekus rodovia pour les latinistes) faisant crisser les pneus de sa voiture pendant une bonne heure. C’est vrai que c’est drôlement amusant.

Le lendemain matin changement d’ambiance ; nous entendons un Pic cendré, des Mésanges à longue-queue et des Pinsons du Nord. Sur la cime des arbres se forme un phénomène que l’on a nommé « une tarinade » (à prononcer avé l’accent du Sud) : de grands rassemblements de Tarins des aulnes se déplaçant en bande.

Nous prenons la direction du réservoir de Rozkos qui pourrait être intéressant du point de vue ornithologique. C’est la seule grande étendue d’eau (artificielle) de l’Est du pays, dont les abords sont peu urbanisés. On rêverait d’y retrouver des oies dont l’omniprésence de la Baltique au Sud de la Pologne nous manque à présent que nous avons traversé les montagnes. En passant la frontière, on a fait nos adieux aux grands migrateurs, qui suivent certainement une route plus facile que celle que l’on a choisie. Nous trouvons une petite plage de pêche au niveau de Kleny après avoir traversé un morceau de forêt. Une stèle marque la tombe d’un chien nommé Moris. Repose en paix Moris. Nous avons droit à un coucher de soleil en pleine figure, avec une montgolfière qui prend de l’altitude.

12 Octobre. Nous avons toute la journée pour explorer les environs de Rozkos car nous savons que nous serons hébergés sur la rive Ouest par Simon, du réseau des Warmshowers, un français installé à Velka Jenesice. Nous commençons par nous rendre sur la digue de retenue d’eau, jumelles et appareil photo en main. On entend quelques Rémiz pendulines dans les roselières de l’entrée, mais sans parvenir à les voir. Quelques Linottes mélodieuses et Pouillot véloces semblent perdus sur l’étroit chemin de digue à la végétation rare. Pas un seul oiseau sur l’eau en revanche…

Linotte mélodieuse

Nous rebroussons chemin pour nous diriger maintenant vers le filet d’eau qui alimente en partie le réservoir, côté Est. On y trouve des Grandes aigrettes en quantité, des Moineaux friquets dans la broussaille et quelques Cygnes tuberculés. Mais aucune oie sur les surfaces enherbées et inaccessibles qui auraient pu être favorables. Nous nous reposons sur notre bâche, étendue dans un champ en légère pente pour une petite sieste au soleil avant de reprendre les vélos sur un itinéraire si compliqué que nous faisons demi-tour, sans pouvoir atteindre la rive opposée du coin des aigrettes. Les vélos sont boueux quand nous arrivons enfin chez Simon, qui nous ouvre la porte de la « statek », la ferme familiale de sa compagne Lucie qui apparaît à son tour sur le pas de la porte avec une petite Louisa dans les bras.

Le poêle ronronne dans la cuisine et nous sommes régalés de légumes au four avec nos premières châtaignes de la saison. Simon travaille comme menuisier dans le village voisin et Lucie comme assistante sociale pour les demandeurs d’asile. Louisa marche à quatre pattes entre nous, vaquant entre la zone interdite du poêle brûlant et celle des poubelles d’emballages qu’elle adore vider. Nous apprécions le confort d’un vrai lit dans une pièce fraîche de la maison. Simon nous propose de rester une nuit de plus, pour partager une balade ensemble après sa journée de travail, dans la prairie humide de Josefov. Ses parents sont eux-mêmes ornithologues amateurs et membres de la Ligue de Protection des Oiseaux dans les Dombes, alors il devine bien que cela allait nous plaire !

13 Octobre. Nous passons la matinée à entretenir les vélos. Marine installe une béquille que Simon lui a proposée, et retire les cale-pieds. Cela contraint le pied dans une position unique qui commence à échauffer les tendons du genou. Espérons que cela calme les inflammations naissantes. Lucie nous a préparé une délicieuse ratatouille que nous terminons avec l’aide de Simon qui vient de rentrer. À seize heures, nous sommes au départ de la promenade de Josefov, à quelques minutes en voiture.

Nous arpentons la prairie humide jusqu’au coucher du soleil, au moment où la brume prend de l’épaisseur à la surface du sol. Nous avons vu quelques Bécassines des marais en vol, et surpris des Hérons cendrés qui se sont envolés en huant dans les pâtures des chevaux rustiques.

14 Octobre. Nous reprenons la route dans la campagne tchèque où les champs de betteraves sont ratissés par de gros engins après la récolte. Nous sommes impressionnés par la quantité de pommiers bordant les champs. Les fossés sont remplis à ras bord de beaux fruits rouges et brillants. On avait renommé la Pologne en « Pomme land », mais il faut avouer qu’elle vient de se faire détrôner par la République tchèque ! On évite toutefois de ramasser les fruits près des grandes exploitations qui sont sans aucun doute bien arrosées de pesticides… Les maisons des villages sont revêtues d’un enduit aux incrustations de quartz qui brillent au soleil, avec le plus souvent une teinte différente pour marquer un motif autour des fenêtres. Plusieurs fois nous avons remarqué aussi ces tasses renversées sur les poteaux des barrières en bois.

Bivouac à Luze, sous l’unique hêtre d’une forêt de pins, le plus éloigné possible d’une mangeoire à grain avec des blocs de sel que l’on soupçonne de fidéliser les animaux sauvages pour le plaisir des chasseurs.

Gimpereau des bois

15 Octobre. Matinée morne dans la campagne sans charme battue par un vent de face qui nous fatigue rapidement. Et il pleut. Nous nous arrêtons épuisés à Krouna pour une pause chocolat chaud en station service. Nous tendons l’oreille quand les clients arrivent pour saisir quelques mots. « ahoj » s’utilise comme notre « salut », pour dire bonjour et aurevoir. « Děkuji », pour remercier, se prononce presque pareil qu’en polonais. Les deux langues ont l’air assez proches. Oiseau se prononce pareil : « ptak ».

Nous prenons le pique-nique juste à côté, dans les vestiaires ouverts du terrain de football. L’après-midi s’améliore avec le relief qui nous fait grimper jusqu’au sommet de Křivý javor au travers d’une forêt de conifères brumeuse et silencieuse. Nous trouvons un parterre moussu près d’un village de pommes de pins au terme d’une ascension éprouvante. Les journées sont de plus en plus courtes. À dix-huit heures nous avons déjà bu notre soupe de nouilles instantanées à l’intérieur de la tente…

Cincle plongeur

16 Octobre. Nous nous dirigeons vers le Sud de la Moravie en passant par Nové Město na Moravě. Halte à Radesin sur l’étang d’une vieille bâtisse en rénovation. Entre hermanov et Vlkov, nous nous hissons sur une énième colline et faisons une pause. Deux Pie-grièches grises sont en chasse puis se perchent sur les fils électriques. Nous traversons ensuite des nuées de coccinelles juste avant de trouver notre bivouac pour la nuit, avant la ville de Velká Bíteš, en lisière d’un champ. On se demande si la maison au bout de la piste est habitée, mais aucune fumée ne sort de la cheminée et aucune lumière ne s’allume derrière les fenêtres. Tant mieux.

17 Octobre. Nous nous dirigeons toujours Cap Sud Est, en évitant Brno, la deuxième ville du pays, que nous contournons par l’Ouest en passant par ostrovačice où l’on trouve porte close devant le camping. Par chance, le propriétaire arrive quelques minutes plus tard et nous fait signe d’entrer. Nous installons la tente même s’il est encore tôt, pour la faire bien sécher. Il faut ensuite aller retirer des couronnes tchèques dans le village. Manque de bol, le montant minimum de retrait est important et c’est notre avant dernier jour dans le pays. A cela s’ajoute des commissions bancaires indécentes de plus de dix pour cent, c’est non ! De retour au camping, Marine obtient les coordonnées bancaires que la fille du propriétaire lui dicte au téléphone. L’opération ne fonctionne pas. Il doit manquer un chiffre quelque part. On essaie plusieurs fois sans succès. Nous sommes dans l’impasse : nous avons installé notre tente et nous ne pouvons pas payer.

Après une longue hésitation, on se dit qu’après tout nous avons du temps devant nous et replions le camp en quelques minutes. Nous atteignons en fin d’après-midi le village de Hlína, au prix d’une ascension douloureuse sur une petite colline. Une haute tour d’observation marque le point culminant de la région. Le square aménagé au pied de la tour fera l’affaire pour ce soir. Un couple de motards s’arrête au coucher du soleil. Un homme dans la quarantaine enlève sont casque et s’approche, chacun de ses pas provoquant un couinement dans ses bottes épaisses. Il s’enquiert de notre parcours, lui-même cycliste. La région est éprouvante pour les muscles, il nous le confirme en souriant, une cigarillo entamé dans les doigts. Il nous souhaite bonne chance avant de repartir dans un vrombissement de moteur.

18 Octobre. Les Rougequeues noirs de la tour d’observation commencent à chanter là-haut. Gabriel se rince les mains dans l’herbe mouillée de rosée. On fait comme on peut ! Nous descendons la colline sans appuyer sur les pédales pendant au moins quatre kilomètres. La descente est fraîche et grisante. Nous arrivons sur la grande retenue d’eau de Dyje par un itinéraire bien fléché mais qui passe par une voie rapide un peu stressante. Cependant, les camions nous dépassent bien . On est soulagés de rejoindre l’itinéraire protégé pour traverser de l’autre côté. On aperçoit une église sur une île, derrière un écran de roselière : le vestige émergé d’un village condamné pour les besoins du barrage. Les pêcheurs sont postés tous les dix mètres sur la berge, avec un matériel qui nous fait douter de l’éthique de la pratique. Ils sont équipés d’embarcations téléguidées qui lâchent de la nourriture dans l’eau pour appâter les poissons ! Nous nous écartons de notre itinéraire initial qui passait par Mikulov, pour aller chercher des campings plus à l’Est. Nous récoltons quelques noix à la faveur d’une pause dans une région de vignobles.

Hélas, ils sont fermés et les aires de caravanes ne sont pas adaptées pour notre tente. C’est ainsi que nous atterrissons à Lednice, près d’un observatoire où nous avons le plaisir d’entendre chanter une Pie-grièche grise le soir et le matin suivant. Nous nous faisons les plus discrets possible car le cheminement piéton derrière la haie qui nous sert de pare-vue est fréquenté, et il y a des caméras de surveillance. Alors que nous nous apprêtons à rentrer dans la tente, nous entendons des voix et refermons silencieusement les fermetures éclair, en étouffant le bruit avec la pulpe des doigts. Dans ce genre de bivouac moins tranquille, nous mettons le réveil plus tôt que d’ordinaire pour décamper au lever du soleil.

Pie-grièche grise

19 Octobre. Nous franchissons la frontière autrichienne en ayant en tête une seule chose : le bivouac est strictement interdit sous peine d’amende. Les avertissements de cyclos sont nombreux sur les réseaux sociaux : pas question de prendre de risque ! Cela ne doit pas nous empêcher de découvrir les réserves naturelles qui en valent la peine. Pour aujourd’hui, nous avons prévu de nous rendre à Hochenau an der March, au Sud de la confluence des rivières Thaya et March -qui délimitent les frontières de la République tchèque, de la Slovaquie et de l’Autriche, puis de dormir côté slovaque où le bivouac est toléré.

À Hochenau, la forêt bordant la rivière, les prairies inondables, et les nombreux bassins liés à l’activité de l’ancienne sucrière représentent autant de zones refuges pour les oiseaux. À cette période de l’année, les migrateurs sont partis mais on a peut-être une chance de voir des limicoles retardataires, qui sait. La zone est si vaste qu’il vaut mieux glaner quelques informations avant toute chose. Allons voir s’il y a du monde à la station de baguage que Marine avait contactée une semaine plus tôt. Les bénévoles ne l’ouvrent que le weekend d’après un homme d’un certain âge, occupé à repeindre et mettre en place une éolienne. « C’est pour actionner le pompage de l’eau souterraine et remettre en eau certaines zones », nous apprend-il en mélangeant un peu d’anglais et un peu d’allemand.

Il prend le temps de nous expliquer les différentes actions menées par Auring. L’association bague des oiseaux pour le suivi des populations, met au point et négocie des systèmes de régulation des niveaux d’eau, et innove en plus sur un dispositif qui permettrait d’éviter les collisions sur vitrage, une des principales causes de mortalité de l’avifaune. Chaque année, ce sont des milliards (des milliards !) d’oiseaux qui meurent au pied des façades vitrées de nos immeubles. Pour remédier à ce fléau, l’équipe d’Auring s’est associée à l’université et à un industriel du verre pour mettre au point un type de vitrage qui indiquerait aux oiseaux un obstacle. Plus précisément, la composition du vitrage diffère d’un vitrage classique par une maille dessinée dans le spectre des ultra violets, visibles par les oiseaux, et pas par les humains. Les prototypes ont été testés dans un dispositif qu’ils appellent « le tunnel », pivotant selon la course du soleil : les oiseaux sont lâchés dans un conduit débouchant sur une cible composée d’un vitrage classique et d’un vitrage traité. L’efficacité est quasi totale d’après les tests. Espérons que le processus puisse se développer largement pour devenir la norme de fabrication et sauver des milliards d’oiseaux ! Après cette visite, nous faisons la tournée des observatoires sans voir grand-chose d’intéressant. Comme dans beaucoup de réserves que nous avons visitées en ce début d’automne, on se dit que la meilleure période pour revenir sera bel et bien le printemps.

Nous passons donc côté slovaque dans l’après-midi, en suivant l’itinéraire cyclable dit « du rideau de fer » que nous pouvons sillonner aujourd’hui en toute liberté. Pour combien de temps ? L’Histoire se répète tristement avec la guerre en Ukraine ; la tension monte de jour en jour, les frontières se referment, de nouveaux murs s’érigent à l’Est…

Cabane de pêche à la frontière slovaque

Pour l’instant, la seule chose qui tourne rond, ce sont nos roues à trente-six rayons ! Alors nous roulons, nous roulons. Nous roulons dans la campagne slovaque en quête d’un camping à Malé Levare où nous trouvons porte close. Mince, on comptait beaucoup sur celui-ci. Notre dernière douche remonte à la semaine dernière. Marine compose le numéro de téléphone indiqué sur la porte de la réception, on ne sait jamais. Quelqu’un décroche ! Le camping est fermé (zut), mais on peut y passer la nuit quand même (ouf!), par contre il n’y a plus d’eau chaude (zut, zut et rezut !). La propriétaire nous dicte le code du cadenas du portail que nous refermons derrière nous. Nous sommes seuls dans un camping fantôme. Les drapeaux aux couleurs du camping flottent doucement. Le bloc des sanitaires resté ouvert est envahi de feuilles mortes. Le seul signe de vie alentour se situe dans les champs voisins où deux moissonneuses s’activent pour couper le maïs. On les entend encore jusque tard dans la nuit, et on devine les déplacements du lourd semi-remorque chargé de grain aux vibrations de la route.

20 Octobre. Il a gelé cette nuit. L’eau de nos gourdes a formé quelques glaçons et la tente est couverte d’un givre épais. Nous laissons sécher la tente sur les pavés de l’allée du camping, à côté de la seule table au soleil. On aimerait trouver quelque part où se reposer pour de vrai, et avec de l’eau chaude. Tentons vers Jakubov : il y a une auberge à côté d’un plan d’eau, nous n’avons qu’une quinzaine de kilomètres à faire pour nous y rendre. On choisit de prendre la route principale jusqu’à Malacky pour bifurquer ensuite à Jakubov sur une route de graviers au profil de « tôle ondulée » qui fait vibrer nos vélos (et nous avec) comme jamais. En chemin nous observons des quantités de Grandes aigrettes et de Hérons cendrés dans les champs encore embrumés.

Pic vert

Un Pygargue à queue blanche survole les lignes haute tension au moment où nous passons sur le pont de la rivière Rudava. De l’Allemagne à la Norvège et de la Scandinavie à la Slovaquie, il nous a toujours tenu compagnie ! Excepté au Danemark où nous ne l’avons pas observé …

L’auberge de Jakubov est fermée. Le site ressemble à centre de vacances clos par des barbelés et des grilles rouillées. Bon… Ce sera donc bivouac ce soir, une fois de plus !

Profitons d’être ici pour aller « birder » (anglicisme plus court pour dire « aller observer les oiseaux »).

Nous descendons des vélos pour les pousser sur une digue enherbée séparant deux plans d’eau. Tiens, on entend une Grive litorne ! Une grive omniprésente pendant notre épisode Scandinave, si commune qu’on y prêtait plus attention. Nous braquons les jumelles sur le premier plan d’eau : quelques Sarcelles d’hiver, Fuligules morillons et Oies cendrées, que Gabriel photographie en s’avançant sur le tronc d’un saule couché. De l’autre côté de la digue, sur l’autre plan d’eau, à peine quelques Grèbes castagneux, pas de quoi sortir la longue-vue. La partie la plus intéressante se joue sur le troisième plan d’eau où sont concentrés des Grandes aigrettes, des Grands cormorans, Hérons cendrés, Mouettes rieuses et Goélands argentés. La lumière est assez belle pour saisir les graciles aigrettes blanches sur cet arrière-plan noirâtre de vase et d’eau sombre.

Grandes aigrettes et Héron cendré
Grandes aigrettes
Grande aigrette et Grands cormorans

Un Martin pêcheur passe en vitesse. Puis arrive dans le ciel un groupe de sept oies que Marine suit aux jumelles pour essayer de les identifier. Elles n’ont pas le profil des Oies cendrées de tout à l’heure. Celles-ci sont moins massives avec une tête sombre et un bec plus fin… des Oies des moissons ! Gabriel arrive de justesse à les prendre en photo ; ça pourra servir à les identifier plus précisément. Celles-ci viennent de loin, puisqu’elles vont nicher très haut en latitude, du Nord de la Scandinavie à la Sibérie. Nous en avions observé en été dans le Varanger, en Norvège. À chaque rencontre comme celle-ci, nous avons la sensation d’être sur le bon chemin. Peu importe s’il n’y a pas de camping, pas d’eau chaude, trop de voitures… La présence de ces migratrices courageuses nous fait oublier tous nos petits tracas de nomades sur roues.

Oies des moissons
Oies cendrées
Hérons cendrés
Étang de jakubov

Nous retrouvons le cours de la rivière Morava, sur l’itinéraire frontalier en direction de Bratislava. Point carto au moment du pique-nique, que nous prenons à même le sol sur de grandes dalles de béton, faute de trouver une table. Nous parions sur une portion de piste cyclable dans l’agglomération de Bratislava, au pied du château de Devín. Ça a l’air vert, les voitures n’y circulent pas… On verra bien ! En une vingtaine de kilomètres, les constructions sont plus denses et nous arrivons en ville. La piste cyclable bifurque comme prévu loin des voitures sur une digue végétalisée aboutissant sur un mémorial à la confluence de la Morava et … du Danube ! Les petites plages de pêcheurs sont nombreuses, on attendra le coucher du soleil et les derniers promeneurs de chien pour nous installer. Pour l’heure, nous préparons le dîner sous un de ces abris avec mobilier urbain prévus pour les cyclistes. Nous montons la tente vers dix-huit heures, sur un sol d’argile dure et sèche (après un premier essai infructueux sur un autre terrain, pour cause de rongeur en décomposition avancée). Bref, nous dormons près du Danube ce soir !

Buse variable

20 Octobre, nous traversons Bratislava, agréablement surpris par la qualité des aménagements. Une ville moderne et tranquille où la présence du Danube participe probablement à l’ambiance apaisée que nous ressentons. Nous vous quittons sur ces dernières images, avant de passer la frontière. Rendez-vous au prochain épisode, où nous plongerons dans ce qu’il reste d’eau du lac Neusiedler en Autriche !

Le Danube
Bratislava

4 réflexions sur “23 – Jelenia góra > Bratislava (km 9330 – km 9930)”

  1. Vous devez souffrir de l’humidité et de la faim ?
    C’est beau l’automne mais guère confortable

    1. Pour te rassurer Christian, on n’a jamais eu faim. La nourriture n’est pas chère et les ravitos réguliers. Par chance nous avons eu peu de pluie et voir l’automne arriver est une merveille !

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