05 – Frankfurt > Paderborn (km 1103 – km 1350)

  • Frankfurt – Bad Nauheim – Gießen (bivouac)
  • Gießen – Marbourg – Münchhausen (bivouac)
  • Münchhausen – Olsberg (bivouac)
  • Olsberg – Paderborn (WarmShower)

Nous quittons notre chambre d’Hôtel du quartier Galluswarte à Frankfurt qui était notre pied à terre temporaire (chambre avec vue sur la station de train). Nous avons pu garder les vélos avec nous, moyennant des manœuvres compliquées dans les couloirs et les ascenseurs de service. C’est qu’en l’absence de garage sécurisé, nous ne souhaitons pas prendre le risque de nous faire voler nos montures, surtout en ville où tout peut arriver. Que ferait-on si cela arrivait ? On préfère ne pas l’envisager…

Départ à trois, nous traversons avec Phil la city de Frankfurt et ses gratte-ciels de verre, reportant à plus tard notre ravitaillement, pour quitter rapidement la ville. Les premiers kilomètres sont très sympathiques, et pour la première fois, Marine n’a pas froid aux pieds le matin (un des premiers signe de l’arrivée du Printemps ?). On quitte les pavés des pistes cyclables urbaines pour retrouver les routes encroutées de terre et l’odeur aigre des engrais agricoles. Nous contemplons la Skyline de Frankfurt au loin, et découvrons avec surprise la quantité d’éoliennes dans la campagne alentour (pas moins d’une bonne centaine dans le panorama). Elles nous annoncent une région ventée mais par chance, nous n’aurons pratiquement jamais de vent de face, ni de pluie d’ailleurs. Il n’est pas rare de croiser de petits groupes de chevreuils en pleine journée, des lièvres, des vanneaux huppés dans les labours, des oies sauvages dans les zones humides.

Nous savourons la facilité avec laquelle nous roulons sur les petits chemins à travers les champs fraichement plantés. Dans un village, nous sommes contraints de descendre des vélos car la route est en travaux, ce sera aussi l’occasion pour Phil de nous inviter à prendre un chocolat chaud, son carburant personnel (avec les viennoiseries allemandes). Il a repéré sur ses fonds de carte un abri forestier qui pourrait nous servir de bivouac pour le soir. Habituellement, nous nous arrêtons une fois la distance journalière effectuée, mais nous le suivons sur cette idée, et visons un bivouac au Sud de Gießen pour la fin de la journée.

Etape à Bad Nauheim, ville thermale, dans un beau parc animé par les cris d’une Sittelle torchepot dont nous avons repéré les aller-retours dans un grand tilleul pendant notre picnic.

Nous atteignons la maison forestière qui s’avère fermée à clef, mais située dans une clairière de hêtres propice à notre intallation. Nous montons la tente sur un épais tapis de feuilles sèches : quel plaisir ! On retrouve à peine les sardines ensevelies dans les feuilles le lendemain. Gabriel s’occupe de faire chauffer l’eau pour le dîner (pâtes et sauce tomate à la ricotta pour changer). Le lieu est idyllique, la lumière du soir perce à travers les chênes noueux et les grands hêtres lisses. Nous sommes apparemment sur le territoire d’un Pic vert, et même deux, qui se répondent et se rejoignent sur un tronc à la tombée du jour, juste au-dessus de notre campement. Nous nous endormons avec la Chouette hulotte.

La journée suivante sera marquée par une pause à Marbourg, ville touristique perchée sur une colline entièrement pavée surmontée d’immeubles colorés à colombage. Sur les conseils d’un habitant nous empruntons l’élévateur pour nous propulser en plein centre historique sans un coup de pédale. Nous sommes accueillis sur la place principale par un couple de musiciens qui nous souhaite la bienvenue dans un français impeccable. Nous déjeunons assis sur les marches sur un fond de jazz manouche, et autres standards chantés en duo, au violon et à la guitare sèche. Nous nous concertons à nouveau pour un bivouac repéré par Phil, un peu en dehors de notre itininéraire du côté de Münchhausen. Le paysage est de plus en plus vallonné, nous entrons en réalité dans une zone montagneuse dont le point culminant ne nous effraie pas pour autant (668m d’altitude).

Dans une côte proche du bivouac, Phil et Marine perdent de vue Gabriel, chacun concentré sur son effort. Il n’a pas vu bifurquer ses deux accolytes en lisière de forêt, et continue l’ascension. Au bout d’une demi-heure nous comprenons que nous nous sommes perdus, et essayons de nous appeler mutuellement mais sans succès, le réseau semble brouillé. Marine tente la méthode du sifflet pour alerter Gabriel mais il est déjà trop loin dans la forêt pour entendre les signaux de ralliement. Gabriel finit par s’immobiliser ce qui permettra de retrouver l’équipe au complet dans une clairière de hêtres. Ce petit incident nous servira de leçon : ne pas se perdre de vue, et en cas de séparation accidentelle, se retrouver au dernier endroit commun.

Après une bonne nuit de sommeil dans les bois, et un réveil avec les Pics noirs et les Bouvreuils pivoine, nous sommes prêts pour l’ascension du col de Winterberg. Une très belle piste cyclable nous y mènera tout droit, et jusqu’au pied des remontées mécaniques. Winterberg est une station de ski de piste prisée des gens du Nord, étant une des plus proches de ces terres aux horizons dégagés. C’est une ancienne voie ferrée qui a été transformée en piste cyclable quatre étoiles et qui permet aux cyclistes de gravir ses 668m. Une petite route serpente dans des forêts de conifères. Cela sent bon la résine des troncs coupés et le bois mouillé. Sur le rebord de la route, quelques crocus éclatent de toute leur force. Il y a même quelques rares papillons ! Cela nous laisse entendre que le Printemps murmure doucement son temps, chouette ! Durant cette ascension, quelques portions de pistes sont encore recouvertes de neige et de glace. Nous n’avons pas le choix, avec nos vélos instables de 50kg nous préférons descendre de la selle et pousser notre chargement, ce sera plus sûr. Mais malgré cette précaution, nous frôlons de près de belles glissades. Au bout de cette piste cyclable, tout en haut, c’est une vraie station de ski avec ses pistes que nous découvrons. Le bruit des remontées mécaniques bien sûr, mais aussi tout le lot : restaurants, bars, commerces… Quel contraste !

Quel est le sommet le plus haut des Pays-Bas ? c’est Winterberg ! Blague locale sur la surfréquentation hollandaise de la station.

Notre descente est donc rapide, sur des routes très fréquentées surtout par les camions et nous roulons, pas très rassurés jusqu’à notre campement à Oldsburg. C’est en réalité une sorte de refuge scout (fermé bien sûr), installé sur un terrain aplani sur deux étages, très accueillant et à l’abri du vent. Les roitelets huppés papillonnent dans les grands épicéas qui bordent le terrain. Nous sommes réveillés par une Grive musicienne très enthousiaste, perchée au dessus de notre tente et il est temps de mettre le cap sur Paderborn où nous sommes attendus le soir par Mathias (WarmShower). Mathias nous accueille avec Sophie sa compagne et leur adorable petite fille Tia, de trois mois. Fait notable à Paderborn également, nous trouvons enfin de la semoule de blé (couscous) pour nos repas. Jusque-là, cette denrée précieuse pour les campeurs (la semoule gonfle même dans l’eau froide et se mange sucrée ou salée), était introuvable dans les magasins, ou du moins on ne la trouvait pas.

Soirée animée chez Mathias et Sophie, et Linda leur amie qui nous rejoint autour d’un plat de pâtes gorgé d’ail frit, d’huile d’olive et de beurre fondu. Un délice.

En souvenir de notre passage, Mathias nous offre une de ses créations imprimée en 3D : une pieuvre à sept tentacules, nommée Septopus, qui agitera ses bras bleus au-dessus de nos fanions pendant les jours suivants. Il se trouve que l’objet, un brin bruyant sera délogé du porte-drapeau et rangé dans les sacoches plus tard…

C’est le jour que nous choisissons pour dire aurevoir à Phil, qui suivra son tracé initial, plein Nord, alors que nous nous orientons Nord-Ouest pour un détour par le lac de Dümmer see avant d’atteindre Brême.

Merci Mathias et Sophie de Paderborn ! Merci Phil pour la compagnie !

4 réflexions sur “05 – Frankfurt > Paderborn (km 1103 – km 1350)”

  1. RABIOT Gilles

    Moi aussi, j’avais profité des ‘ »siffleurs d’oiseaux » au musée Dauphinois, grâce à vous, vous nous aviez refilé vos places.
    Bonne suite!
    Gilles

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *